Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
DEUX AMIES

espéraient se tromper, goûtant, durant quelques jours, un peu d’accalmie, se reposant en une trêve peureuse au bout de laquelle recommençait ce travail décevant de Sisyphe.

Jeanne s’entêtait maintenant, empêchait son mari de se dérober, le rappelait quand il demandait grâce, surmontait son dégoût pour l’achever, pour l’obliger à avouer humblement sa défaite. C’était là sa revanche, une revanche facile et ironique qui exaspérait M. de Tillenay car la jeune femme ne lui ménageait alors aucun sarcasme, aucune humiliation.

Il l’avait insultée, rudoyée, blessée dans son orgueil de femme, traitée comme une fille de trottoir que le labeur d’amour a usée autant qu’une guitare de chanteuse errante. Elle lui rendait ses soufflets d’une main lourde qui marquait les joues. En vérité, elle lui conseillait de se plaindre, d’élever la voix, lui qui n’avait seulement pas la force de faire un enfant à sa femme et qu’une chiquenaude abattait. La cousine Eudoxie n’aurait pas souvent l’occasion de se déranger pour des baptêmes,