Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
LES PARISIENNES

— Tu ne m’aimes donc que pour cela !

Jeanne, dans la préoccupation perpétuelle de son idée fixe d’héritage, ne s’en aperçut pas aussitôt et lorsque ses yeux se dessillèrent, lorsqu’elle vit à ne pas douter qu’Eva s’éloignait et avait assez d’elle, elle eut un grand déchirement, une souffrance qui bouleversa tout son être. Elle s’était accoutumée à cette existence jouisseuse et jamais ne se serait imaginé que cela pourrait avoir une fin, qu’il faudrait y renoncer, se contenter des semblants d’amour que lui offrait son mari.

Son orgueil de femme prit cependant le dessus de la douleur morne qui lui cuisait et elle n’essaya pas de retenir celle qui s’en allait. Elle surprit Eva par son indifférence affectée. Mais si ses lèvres demeuraient muettes et glacées, si ses yeux ne se mouillaient pas de larmes, il n’en était pas de même de son cerveau et de son cœur. Toutes les rancunes, tout le fiel s’y amassaient, s’y condensaient. Et elle reporta contre Stanislas la colère rageuse, le dépit qui l’ulcéraient.

N’était-il pas la cause première de cette