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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/140

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LES PARISIENNES

Et malgré la jalousie qui l’oppressait, — peut-être avide aussi d’entrevoir comme une soubrette par le trou de la serrure les détails polissons d’un enjôlement, — elle trouva un prétexte de maîtresse de maison pour rejoindre après le dîner les hommes au fumoir et elle laissa Mme Thiaucourt aux prises avec Eva, qui, toute rouge d’émoi, les yeux étincelants, bavardait avec Luce sur un canapé.

Ce furent au début des questions futiles de chiffons, puis des souvenirs de couvent gais et jeunes. Elles semblaient deux petites pensionnaires en congé. Il ne leur manquait que des poupées et des robes courtes pour ajouter à la réalité du tableau. Eva plaisait beaucoup à Mme Thiaucourt. Elles se faisaient des confidences et riaient très haut. Mlle Moïnoff faisait la naïve, la sœur cadette qui demande des détails scabreux à sa grande sœur mariée et elle disait parfois des choses que Luce ne comprenait pas. Alors, avec des mots enfantins, des comparaisons, des périphrases, elle tâchait à lui en expliquer le sens, à tourner son imagination