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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/16

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LES PARISIENNES

aux yeux drôles qui paraissait avoir douze ans et que les « moyennes » surnommaient « Colas » à cause de sa taille grêle de gamin — se laissait envahir par cette torpeur reposante.

Elle avait complètement oublié ce que son inséparable amie Eva Moïnoff venait de lui murmurer tout bas au sortir du salut, et elle manqua de crier, de réveiller tout le dortoir, dans la brusque surprise du baiser qui frôlait ses joues et la sensation d’un corps qui se glissait contre le sien.

Ce n’était pourtant pas la première fois que les deux amies risquaient ainsi d’être renvoyées, en se rejoignant pour bavarder à l’aise et se réchauffer frileusement l’une contre l’autre, dès que la sœur surveillante avait tiré son rideau. Et l’enfant se remit bientôt de son émoi, s’abandonna avec un étirement de paresseuse encore à moitié ensommeillée.

— Tu m’as fait une peur, chérie !

Eva lui demandait pardon, lui fermait la bouche de ses doigts tièdes. Elle l’avait appelée de son lit cinq ou six fois sans qu’elle répondît par leur signal accoutumé. Et une