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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/167

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DEUX AMIES

lière on n’en eût rencontré de plus caquetante et de plus désirable. Et elle était, en effet, pareille à une petite poule blanche tout étonnée d’entendre déjà pépier autour d’elle des poussins à peine gros comme une houppette de poudre de riz et qui se promène triomphante avec son escorte, ouvrant peureusement ses ailes, érigeant son cou quand elle rencontre un insecte inconnu ou quand les feuilles des arbres tremblent trop fort.

Aussi Eva chercha-t-elle d’abord à s’attacher l’enfant. C’était le meilleur et le plus sûr moyen de capter l’affection hésitante de Mme Thiaucourt, d’entrer dans sa vie, de s’imposer victorieusement à son cœur. Avant tout, il importait de se faire aimer vraiment du baby, de remplacer la mère, de l’habituer par des gâteries à réclamer la même personne, de se rendre enfin nécessaire. Elle se consacra absolument au rôle nouveau qu’elle avait choisi. Elle le faisait jouer. Elle le bourrait de friandises, le câlinait avec une douceur extrême, lui racontait des contes merveilleux — le soir — pour l’endormir. Le poussin avait mainte-