Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
DEUX AMIES

par l’énervement d’un plaisir incomplet, par une surexcitation fiévreuse qui l’empêchait de dormir et qu’augmentait l’impossibilité d’y mettre un terme. Mais dût-elle en souffrir davantage, Luce se jurait de repousser désormais les propositions de Mlle Moïnoff, de ne pas tromper l’homme qui l’aimait et croyait aveuglément en elle.

Serments inquiets et décevants ! Elle avait peur d’elle-même, de ne plus avoir assez de forces quand Eva reviendrait à la charge, s’agenouillerait de nouveau à ses pieds et l’embrasserait. Elle se débattait irrésolue, comme enveloppée de cette tunique de Nessus — cruel symbole de l’amour qui se colle à la chair, qui s’infiltre dans les veines, qui martyrise tout l’être.

Et les dernières phrases de la lettre montraient nettement l’état de son cœur ballotté, partagé entre la volonté de rester honnête malgré toutes les tentations et le désir obsédant de connaître le bonheur promis, — le bonheur coupable.

Luce câlinait son mari, le rappelait par ces