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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/196

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LES PARISIENNES

dessus son épaule et murmura d’une voix caressante :

— Ma pauvre chérie !

Elle ne prononça que ces trois mots, mais avec une émotion si merveilleusement jouée, un accent de pitié si douloureux, une tendresse si passionnée, que Luce éclata en sanglots et se jeta brusquement au cou de son amie, la serrant, l’embrassant comme une consolatrice, comme une sœur. Eva tout doucement essuyait de ses lèvres les paupières grosses de larmes de son amie. Elle la soutenait, la calmait, la suppliant de ne plus pleurer.

— Calme-toi, Calme-toi, disait-elle. Ne suis-je pas là, moi ? Trouves-tu que je ne t’adore pas assez, ma chère ingrate ? Désormais, je t’aimerai davantage, je t’aimerai pour deux et tu ne regretteras pas d’avoir recouvré ta liberté entière, tu oublieras comme un mauvais rêve les déceptions amères que tu ne méritais pas !

Et Luce lui sourit, apaisée, tranquille, remerciant Mlle Moïnoff du regard — un lent et reconnaissant regard qui présageait la défaite prochaine de son être, qui laissait surprendre