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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/200

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LES PARISIENNES

tait comme un scapulaire un sachet de satin bleu dans lequel elle avait caché des cheveux ramassés en secret entre les plis des draps, après le lever de Luce.

La nuit, ne pouvant dormir, comme harcelée par d’invisibles et lancinantes piqûres, pieds nus afin de ne réveiller personne, elle venait se coucher à sa porte, écouter le bruit vague et doux de son haleine et dans le silence, pendant des heures entières, égarée, hypnotisée par une ivresse croissante, elle se roulait sur le tapis jusqu’à ce que ses forces fussent complètement épuisées, jusqu’à ce qu’elle se raidît comme morte, les bras inertes et sevrée de toute pensée. Et elle rentrait ensuite à tâtons dans sa chambre, vacillant sur ses jambes, brisée comme après une course terrible mais certaine de dormir lourdement sans songer à rien.

Elle avait maintenant, elle si rose comme un fruit que le soleil n’a effleuré qu’à travers les feuilles, le teint plombé et luisant des poitrinaires et les paupières cernées de larges traits de bistre jusqu’aux pommettes. Plus d’appétit,