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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/207

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DEUX AMIES

eussent le courage de rentrer au château, de quitter cette couche de feuilles mortes où leurs corps avaient creusé comme un large nid.

Elles ne revinrent qu’à la nuit.

On n’attendait que leur retour pour se mettre à table, et l’on commençait déjà à s’inquiéter de cette disparition prolongée, mais elles inventèrent une histoire de promenade trop longue, de paysan qui leur avait mal indiqué leur chemin et, sauf Mme de Tillenay qui comprit à l’allure triomphante d’Eva tout ce qui s’était passé entre elles, personne ne soupçonna la vérité.

— Eh bien, murmura ironiquement à mi-voix Mme Thiaucourt, dans la soirée, au moment où elle servait le thé avec Eva, est-ce que vous avez toujours l’intention de me préférer Jeanne ? Ce serait si raisonnable et si sage !

Mlle Moïnoff lui répondit sur le même ton, en riant :

— Ne dis plus cela ou je t’embrasse devant tout le monde comme dans le parc !