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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/212

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LES PARISIENNES

méfiance mal dissimulée. Et lorsqu’au milieu de leurs conversations Jeanne essayait d’attaquer Mme Thiaucourt, laissant cauteleusement entendre qu’elle savait bien des choses peu édifiantes sur son compte, que Luce avait d’abord trompé son mari avec M. de Grenier et se compromettait à présent d’une façon honteuse avec Mlle Moïnoff, la vieille haussait les épaules et lui répondait d’un ton cassant comme un coup d’éventail appliqué sur les doigts :

— Ma chère petite, vous êtes une peste !

Et la bonne cousine, trop honnête, trop campagnarde pour connaître certains vices et s’expliquer les réticences de Mme de Tillenay, se disait en hochant sa tête blanche que le monde était vraiment méchant de jeter ainsi de la boue sur toutes les robes et de reprocher comme une faute à une pauvre petite femme d’aimer une jolie fille presque de son âge et si tendre pour son baby. Et il lui tardait de quitter ce château où elle étouffait, de reprendre son existence casanière et tranquille avec ses deux petites orphelines, de trottiner dans les allées du jardin et dans les chambres