Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
LES PARISIENNES

couleurs revenues sur les traits de Mlle Moïnoff et aussi aux moues drôlettes, au changement de Luce, elle comprit que la page était tournée, que la jeune femme avait perdu enfin la partie.

Jeanne se contint cependant et attendit le lendemain pour avoir une explication avec Eva.

Elle entra le matin dans sa chambre tandis qu’elle se coiffait. Mlle Moïnoff était ravissante ainsi avec ses longs cheveux dorés qui couvraient ses épaules nues, ses bas de soie rouge et sa chemise transparente, que rosaient les reflets de sa chair. L’air était attiédi par un grand feu, et l’on y respirait une légère et indéfinissable odeur de poudre de riz et de femme qui sort de son lit. Cela redoubla la colère de Mme de Tillenay, qui, sans lui dire seulement bonjour, s’écria, d’une voix saccadée et sifflante :

— Tu devines, j’espère, pourquoi je suis venue te déranger ?

Eva posa son peigne sur la toilette d’un geste indolent.