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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/217

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DEUX AMIES

je n’ai consenti à vivre avec mon mari qu’à la condition que tu aurais sans cesse ta place entre lui et moi, et j’aimerais mieux mourir que de te perdre !

Elle s’approcha d’Eva et couvrit de baisers la nappe ondoyante de ses cheveux.

— Oh ! dis-moi que tu me pardonnes, disait-elle, que tu aimes comme autrefois ta petite femme ?

— À quoi bon te mentir ? répondit Mlle Moïnoff, que cette scène impatientait et énervait, et à quoi cela nous avancerait-il de nous essouffler à rallumer un feu éteint ? Je te promets d’être toujours ton amie, mais rien que ton amie. Le passé ne peut me faire oublier le présent et toi-même tu me répondrais aujourd’hui la même chose si tu avais comme moi le bonheur d’être aimée, et si je venais t’en demander compte et te supplier d’y renoncer ! Avoue, ma chère, que j’ai raison en te disant cela. Est-ce qu’on peut être fidèle toute la vie, et ne nous sommes-nous pas trompées cinquante fois même au plus blond de notre lune de miel ?

— Mais ce n’était pas comparable à ton