Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
LES PARISIENNES

glace comme une poignée de rayons. Elles vivaient comme en une contrée de rêve où ne sonnent que des heures d’absolue béatitude, où le ciel est toujours bleu, où l’on se figure en des désirs inapaisés combien l’éternité doit être bonne et douce à ceux qui s’aiment, où l’on regrette seulement que tout ne s’arrête pas, qu’il ne soit pas possible de s’idolâtrer à toutes les secondes du jour et de la nuit.

Cependant la saison s’avançait et, pour profiter des derniers beaux jours, pour enterrer l’automne dans une partie joyeuse, Jeanne organisa avec M. de Guermandes un « rallye paper » auquel on invita tous les voisins du château. On devait aller au diable vauvert par les bois et les herbages et déjeuner sous les pommiers dans un moulin des environs. Cela promettait d’être très amusant. Mme de Tillenay désigna elle-même les chevaux que chacun monterait, et Luce eut pour sa part une jument de demi-sang assez ombrageuse qui était à l’écurie depuis peu de temps.

— Je vous gâte, ma chère petite, lui dit Jeanne en lui montrant dans son boxe la bête