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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/246

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II

Jeanne acheta à une habilleuse un corset de satin que Suzette Rivière avait porté plusieurs fois en scène et elle le garda comme une relique précieuse. Elle le cachait sous son oreiller, s’en enveloppait la figure et le mordillait de baisers comme si ç’avait été la chair rose et duvetée de l’actrice.

Une odeur perverse s’en évaporait à la fois de bête et de femme qu’on aurait frottée de peau d’Espagne et de Chypre. Et Jeanne préférait cette inexprimable senteur, qui redoublait son désir, qui l’empêchait de dormir, à tous les parfums, à tous les bonbons. Elle collait ses lèvres sur les dentelles un peu brûlées qui bordaient le corset, elle aspirait avec des extases