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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/27

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DEUX AMIES

Elles meublaient bien les parloirs propres, aux planchers luisants comme des miroirs, aux boiseries jalonnées de tableaux pieux, qui s’animaient le jeudi d’un froufroutement de toilettes élégantes, d’un remuement de chaises, d’un bruit de conversations féminines où les voix aiguës des petites mettaient une note dominante. Elles étaient à leur place dans le vaste jardin, pareil à un coin de parc dont les lilas s’étalaient comme une grille verte devant les fenêtres de l’étude. Le beau jardin planté d’arbres séculaires où s’amusaient les élèves, où elles avaient toutes leur carré, où des chansons de merles répondaient à leurs rires.

L’uniforme même avait une joliesse originale. Une robe unie d’une teinte grise bleutée, dont le corsage moulait la taille comme un « jersey », et sur les épaules une pèlerine courte de cachemire doublé de surah bleu, qui par son échancrure découvrait le ruban de la division auquel pendait la médaille de Notre-Dame. Enfin, encadrant les cheveux sagement coiffés, une mignonne capote coulissée à laquelle s’en-