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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/270

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LES PARISIENNES

étouffait ses révoltes par des baisers. Elle la tuait par ses tendresses acharnées sans qu’elle eût la force de se dérober, de la chasser loin d’elle. Sa voix claire, d’un timbre pur comme la voix d’un enfant de chœur qu’on entend dans les églises, s’éraillait, se faussait à la suite de ces fatigues continuelles, des insomnies après lesquelles il fallait répéter toute la journée, puis le soir, avoir des forces quand même et tenir jusqu’au bout.

Cette délicate, qui était faite tout au plus pour sucer de temps en temps un bonbon poivré, pour tremper ses lèvres dans un verre de kümmel, ne mangeait plus que des choses au cary et au poivre rouge, ne buvait plus que des potions cantharidées.

Elle se consumait à petit feu dans les bras de Mme de Tillenay. Elle était malade à tout instant, maigrissait, prenait des teintes de chlorose et l’on ne reconnaissait plus le petit abbé d’autrefois, la figure adorable et purpurine de vieux saxe, souriante, rose et potelée, échappée d’une autre époque que la nôtre.

Un jour elle eut peur en se regardant dans