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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/279

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DEUX AMIES

pas plus naturel, plus stable, plus sérieux que ces passionnettes féminines artificielles et passagères où les sens jouaient le principal rôle ? Toutes ses amies s’étaient mariées les unes après les autres et elles ne le regrettaient pas ; elles agissaient à leur guise bien plus libres, bien plus heureuses, que lorsqu’elles étaient jeunes filles.

Mlle Moïnoff était à un de ces moments de lassitude générale, où on retourne la tête en arrière pour revoir les années enfuies, où l’on s’aperçoit que jusque-là l’on s’est trompé de route et qu’il est temps de s’arrêter ou de rebrousser chemin. Ces réflexions l’avaient à peu près assagie, et dès le lendemain de son retour, elle annonça à ses parents qu’elle était enfin décidée à se marier.

Dans le monde, elle modifia habilement ses allures anciennes qui décourageaient et épeuraient les hommes. Elle fut très aimable, très coquette, flirtant à l’occasion avec des libertés charmantes, formant autour d’elle une petite cour de valseurs assidus qui se disputaient l’honneur de lui donner le bras ou de bavar-