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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/290

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LES PARISIENNES

on est forcé de la soutenir sous les bras pour marcher. Très pâle et très maigre, elle demeure immobile sur un fauteuil au soleil, ayant l’air de ne rien voir, de ne rien entendre et grignotant sans cesse des bonbons. On a essayé de lui donner des poupées pour l’amuser. Mais elle n’y prête aucune attention et n’a même pas la force de les tenir dans ses doigts ballants et inertes.

On l’enveloppe au lit dans une grande chemise de flanelle pareille à un sac d’où émerge seule sa tête et qui l’empêche de faire le moindre mouvement, de remuer ses bras ou ses mains, car comme un instinct machinal, un besoin de bête, ses habitudes vicieuses lui reviennent, tourmentent sa chair dès qu’elle est seule, dès que la chaleur des couvertures amoncelées se glisse le long de ses membres.

M. de Tillenay qui venait d’abord la voir tous les jours, espace ses visites de semaine en semaine et bientôt il se contentera d’envoyer prendre des nouvelles de Jeanne par un de ses domestiques. Il joue à la Bourse et en changeant d’hôtel il s’est débarrassé de tout