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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/293

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DEUX AMIES

penser ses millions, qui l’empêcherait de commettre des bévues risibles de rastaquouère et dont le salon serait tout de suite à la mode sans qu’il fût besoin pour cela de payer les dettes d’une demi-douzaine de clubmans décavés et de régler les notes de couturière de quelques mondaines authentiques. Un peu d’amour — de la surprise d’amour plutôt — avec cela et le banquier avait demandé la main de Mlle Moïnoff.

L’hôtel qu’ils habiteront dans le quartier des Champs-Élysées est acheté et ils en pendent la crémaillère, en décembre, dans un bal costumé éblouissant qui sera comme une résurrection lumineuse du xviiie siècle, une Kermesse de Watteau, où il n’y aura que des étoffes à ramages, des coiffures poudrées et des talons rouges.

Mlle Moïnoff qui ignorait la lamentable fin de son amie, lui a envoyé un faire-part timbré de sa devise bien slave : « On peut ce qu’on veut ! »

— La chanceuse ! s’est contenté de dire M. de Tillenay en le lisant, et durant quel-