Aller au contenu

Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
LES PARISIENNES

Il venait de la tenir dans ses bras. Il avait senti sa bouche chaude s’appuyer sur la sienne. Les cheveux décoiffés, la cernure bistrée de ses paupières, le rafistolage hâtif de sa toilette chiffonnée attestaient assez leur faute commune. Et le vent marin avait-il pu balayer l’odeur capiteuse qui saturait l’air tiède de la caloge ?

Pourquoi Eva redevenait-elle tout à coup impénétrable ?

Il pleura à chaudes larmes dans sa chambre.

Lui pardonnerait-elle d’avoir profité comme un misérable de l’instant d’égarement, de la tension des nerfs d’une femme, de l’avoir brutalement surprise, comme la première gueuse venue qu’on viole au coin d’un bois, le soir ?

N’aurait-il pas dû résister à l’impétueuse fougue de ses sens, se sauver de la cabine étroite où leurs corps se touchaient, où leurs haleines se confondaient et ne pas hésiter à paraître sot et grotesque aux yeux d’Eva ?

Comment réparerait-il sa mauvaise action ?

S’il demandait la main de Mlle Moïnoff, ne