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Page:Maizeroy - Deux amies, 1885.djvu/70

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LES PARISIENNES

pleurarde. Elle l’attendrait trois mois, deux ans — le temps de reprendre pied, de gagner une fortune digne de sa dot.

— Est-ce que cela vous prend souvent ? répondit Mlle Moïnoff avec des railleries dans la voix. Vous épouser, aliéner ma liberté parce qu’il m’a pris le caprice, un soir d’été, d’apprendre le mystère dont on nous épouvante tant, nous autres jeunes filles, de juger moi-même ce que vaut le fruit défendu… Perdez-vous la tête, mon pauvre ami ?

Iwan se taisait, accablé. L’écroulement de son bonheur l’assommait. Il n’avait plus de courage, plus d’intelligence. Les phrases cassantes d’Eva s’enfonçaient comme une lame aiguë dans son cœur. Il se mordait les lèvres pour ne pas sangloter, tant sa douleur était cuisante.

Eva ne lui épargna aucune désillusion.

— Je ne vous aime pas et ne vous ai jamais aimé… Pourquoi deviendrais-je votre femme ? Avouez franchement que vous n’en avez pas plus envie que moi… Ce serait d’une amitié trop exagérée, pas vrai ?