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Page:Malatesta - Anarchy ; Morton - Is it all a dream, 1900.djvu/23

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mettaient fin aux guerres et aux conquêtes, le gouvernement aurait-il encore une raison d’être ?

Une fois la propriété individuelle abolie, le gouvernement qui est là pour la défendre doit disparaître. S’il survivait, il tendrait continuellement à reconstituer, sous une forme ou sous une autre, une classe privilégiée et oppressive.

L’abolition du gouvernement ne veut pas dire et ne peut pas signifier la dissolution des liens sociaux. Bien au contraire. La coopération qui, aujourd’hui, est forcée et orientée vers le profit d’un petit nombre serait libre, volontaire et orientée au bénéfice de tous ; c’est pourquoi elle en deviendrait d’autant plus intense et efficace.

L’instinct social, le sentiment de solidarité se développeraient au plus haut point ; chacun des hommes ferait tout ce qu’il peut pour le bien des autres hommes, tant pour satisfaire ses propres sentiments affectifs que par intérêt bien compris.

Une nouvelle organisation sociale naîtrait du libre concours de tous, grâce aux groupements que les hommes formeraient spontanément selon leurs besoins et leurs sympathies, de bas en haut, du simple au complexe, en partant des intérêts les plus immédiats pour arriver aux intérêts les plus lointains et les plus généraux. Et cette organisation sociale aurait pour but le plus grand bien-être et la plus grande liberté de tous, elle embrasserait toute l’humanité dont elle ferait une seule communauté fraternelle, et elle se modifierait et s’améliorerait à mesure que les circonstances se modifieraient et que l’expérience apporterait ses enseignements.

Cette société d’hommes libres, cette société d’amis, c’est l’anarchie.

Nous avons jusqu’à présent considéré le gouvernement tel qu’il est et tel qu’il doit nécessairement être dans une société fondée sur le privilège, sur l’exploitation et l’oppression de l’homme par l’homme, sur l’antagonisme des intérêts, sur la lutte au sein même de la société, en un mot, sur la propriété individuelle.

Nous avons vu que loin d’être une condition nécessaire de la vie humaine, l’état de lutte