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Page:Malatesta - Anarchy ; Morton - Is it all a dream, 1900.djvu/44

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étant donné les soupçons, bien trop justifiés, que le peuple nourrit contre tout ce qui lui est imposé, et les faire massacrer comme empoisonneurs quand ils iraient soigner le choléra.

S’il y a des ingénieurs, des mécaniciens, etc., ils organiseront les chemins de fer. Et s’il n’y en avait pas, là encore, ce n’est pas un gouvernement qui pourrait les créer.

En abolissant le gouvernement et la propriété individuelle, la révolution ne créera pas de forces qui n’existent pas. Mais elle laissera à toutes les forces et à toutes les capacités qui existent le champ libre pour se déployer ; elle détruira toute classe intéressée à maintenir les masses dans l’abrutissement ; et elle fera en sorte que chacun pourra agir et avoir une influence en proportion de ses capacités et conformément à ses passions et à ses intérêts.

Par ailleurs, si l’on veut un gouvernement qui ait pour tâche d’éduquer les masses et de les conduire à l’anarchie, il faut encore indiquer quelle sera l’origine d’un tel gouvernement et comment il sera formé.

Est-ce que ce sera la dictature des meilleurs ? Mais qui sont les meilleurs ? Et qui leur reconnaîtra cette qualité ? La majorité est d’ordinaire attachée à de vieux préjugés ; ses idées et ses instincts sont déjà dépassés par une minorité plus favorisée. Mais parmi ces milliers de minorités qui croient toutes avoir raison, et peuvent toutes avoir raison en partie, qui choisira, et sur quel critère, pour remettre la force sociale à la disposition de l’une d’entre elles, alors que seul l’avenir peut décider entre les parties qui s’affrontent ? Prenez cent partisans intelligents de la dictature et vous découvrirez que chacun d’entre eux pense qu’il devrait être, sinon le dictateur ou l’un des dictateurs, du moins très proche d’eux. Les dictateurs seraient donc ceux qui réussiraient à s’imposer par une voie ou par une autre ; et par les temps qui courent, on peut être absolument certain que toutes leurs forces seraient employées à se défendre des attaques de leurs adversaires et qu’ils oublieraient toute velléité d’éduquer, s’ils n’en avaient jamais eu.