Page:Malatesta - Pierre Kropotkine, paru dans Le Réveil anarchiste, 18 avril 1931.djvu/12

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pour être un véritable homme de science : la capacité d’oublier ses désirs et ses préventions pour observer les faits avec une impassible objectivité. Il me paraissait plutôt ce que j’appellerais volontiers un poète de la science. Il aurait pu deviner de nouvelles vérités par des intuitions géniales, mais ces vérités auraient dû être vérifiées par d’autres hommes qui peuvent avoir moins de génie ou pas de génie du tout, mais sont mieux doués de ce qu’on appelle l’esprit scientifique. Kropotkine était trop passionné pour être un observateur exact.

D’habitude, il concevait une hypothèse et il cherchait ensuite les faits qui auraient dû la justifier, ce qui peut être une bonne méthode pour la découverte, mais il lui arrivait, sans le vouloir, de ne pas voir les faits qui la contredisaient.

Il ne savait pas se décider à admettre un fait et souvent, pas même à le prendre en considération, s’il ne réussissait d’abord à l’expliquer, c’est-à-dire à le faire entrer dans son système.

Comme exemple je raconterai un épisode auquel je donnai occasion.