Page:Malatesta - Pierre Kropotkine, paru dans Le Réveil anarchiste, 18 avril 1931.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À l’époque où je le fréquentais à Londres, il gagnait sa vie par sa collaboration à des revues et autres publications scientifiques et il était dans une situation relativement aisée. Mais il sentait comme un remords d’être mieux que la plupart des travailleurs manuels, et semblait toujours vouloir s’excuser de ses petites commodités. Il disait souvent en parlant de lui-même et de ceux qui étaient dans sa situation : Si nous avons pu nous instruire et développer nos facultés, si nous avons accès aux jouissances intellectuelles, si nous vivons dans des conditions matérielles pas trop mauvaise, c’est parce que nous avons profité, par le hasard de notre naissance, de l’exploitation à laquelle sont sujets les travailleurs : lutter pour leur émancipation, c’est pour nous un devoir, une dette sacrée que nous devons payer.

C’était par amour de la justice, comme pour expier les privilèges dont il avait joui, qu’il avait renoncé à sa position et négligé les études qu’il aimait pour se dédier à l’éducation des travailleurs de Saint-Pétersbourg et à la lutte contre le despotisme des tzars. Toujours poussé par les mêmes senti-