Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/111

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ma baignade m’avait rafraîchi le sang. J’émergeai de l’eau à mon point de départ nu-jambes et panet battant, accoutrement pittoresque qui eût pu nuire à mon prestige si Houaïlou m’avait contemplé, mais Houaïlou livré aux douceurs de la sieste, ne me vit pas.

Rentrer chez moi, semblait quelque peu difficile, mon trousseau de clefs reposant avec mon pantalon dans les profondeurs azurées de la Boima. Ce fut alors que je reconnus la sagesse de la Providence, dont les vues sont insondables. L’inachèvement de la toiture, que j’avais eu la folie de considérer jusqu’alors comme regrettable, me permit de pénétrer dans mon domicile, à l’aide d’une échelle.

Cependant, ce mode de communication avec l’extérieur me parut laisser quelque peu à désirer. Je ne pouvais constamment tenir la porte de ma demeure ouverte ou me condamner à des exercices acrobatiques plus amusants que commodes. C’est pourquoi, ayant recouvert mon déshabillé par trop canaque d’un pantalon de rechange, je m’en fus trouver la police indigène.

Némoin se mit immédiatement à l’eau avec ses hommes, partant du point même d’où je m’étais éloigné et scrutant le fond de la rivière en aval. Au bout de trois minutes, le Vidocq bronzé plongea et ramena à la surface mon inexpressible, transformé en éponge. La Boima avait respecté les poches dont j’abandonnai le contenu, sauf mes clefs, aux tayos mis en bonne humeur.

À mon retour de cette exploration sous-marine, je trouvai devant ma porte, en compagnie d’une jeune Française, jolie et sans préjugés, un quidam dont je me remémorai incontinent le nez de perroquet et l’accent nasal. « Je suis ce phénomène qui s’appelle le ca-