Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/189

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les herbes sèches qui eussent communiqué le feu au poste. Aussitôt une demi-douzaine de soldats grimpèrent sur le plateau et commencèrent à tirailler sur les torches qu’on voyait avancer ou reculer à ras du sol. Fusillade inoffensive, les guerriers ayant eu l’ingénieuse précaution de ne pas porter à la main leur torche, qui devait servir de cible, mais de la fixer au bout d’une sagaïe longue de deux mètres dont ils tenaient l’autre extrémité. Néanmoins, ces coups de fusil, qui ne tuaient personne, empêchèrent une attaque.

Les Oébias, ces farouches rois de la montagne, voulaient la guerre aux blancs ; les petites tribus de la côte la désiraient et la craignaient à la fois. Quelques Canaques revinrent au poste, les jours suivants, se déclarant tous innocents de l’incendie de notre paillotte dont ils ne pouvaient soupçonner les auteurs. Les tentatives d’enlèvement du poste à les en croire, n’existaient que dans notre imagination ; pour preuve de leurs dispositions amicales, ils apportaient des poules, des bananes, des ignames. Le commandant profita de notre malheur : se montrant tantôt sévère, tantôt conciliant, il arracha aux indigènes nombre de ces cadeaux en nature. Lorsque, plus tard, on accorda des indemnités aux victimes de l’insurrection, nous ne reçûmes jamais un sou, non plus que d’autres déportés : les grosses sommes allèrent aux riches propriétaires ou éleveurs qui en avaient le moins besoin.

En dépit de la détente apparente, le fil télégraphique était sans cesse coupé. Dubois, qui eût mieux aimé se trouver ailleurs, ne partait pas plutôt réparer une rupture vers Hienghène qu’une autre se produisait vers Oégoa. L’intérêt commun exigeait le maintien de nos