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Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/268

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au-dessus de ce niveau moyen de bêtise et d’ignorance que durent briser par leur révolte les Colomb, les Galilée ! Si l’individualisme doit régner, c’est non en économie, mais dans le domaine de la pensée, de la philosophie, de l’art. Et quel moyen d’être vraiment soi, s’il faut astreindre son esprit à la règle commune, formulée par quelque tyran anonyme ?

Dans ce cas, adieu Louise Michel, Kropotkine, Reclus, Grave, qui, tout comme moi signez vos livres ! Adieu Séverine, Mirbeau, Richepin, Hamond, recrues ou auxiliaires précieux, qui signez vos articles !

Ça de l’anarchie ! Oh là là ! quel est le fanatique du couvent qui a glissé cette bourde à l’oreille de compagnons ?

Aux Rondonneaux eut lieu une altercation homérique entre Merlino, savant théoricien, qui n’est pas enragé sur le chapitre de l’action individuelle, et le groupe Gli Intransigenti, représenté par Pini et Parmeggiani, compagnons un peu vifs dans la discussion. Pauvre Pini ! il avait l’étoffe d’un héros et, aujourd’hui, se consume au bagne, après une évasion manquée, sa ferveur anarchiste l’ayant amené à exproprier ceux qui ont trop au bénéfice de ceux qui n’ont rien du tout. Parmeggiani, beau gaillard aux yeux d’escarboucles, incendie le cœur des Anglaises, après avoir échappé à une extradition, grâce à l’admirable dévoûment de sa compagne. Je crois bien que si le beafteck lui manquait, il mordrait à même dans les bourgeois. Priez Dieu, capitalistes qui y croyez, que la viande de boucherie soit toujours à sa portée !

En 1886, on se croyait chaque jour à la veille de la révolution sociale ; le Cri du Peuple avait fait surgir de terre toute une armée prolétarienne qui, malgré l’incon-