Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/33

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locataires. De semblables anomalies ne peuvent évidemment se voir qu’aux antipodes.

Mon père, comme la plupart de ses compagnons, avait, à l’arrivée, commencé par retirer sa livrée de prisonnier dont le port n’était plus obligatoire. Rien ne nous signalant à l’attention particulière de la police locale, nous jouîmes du plaisir d’aller et venir dans les rues de cette ville en miniature et même de pousser quelque peu sur les grandes routes. Nous croisions tantôt l’équipage emmenant l’épicier enrichi, qui était alors le maire, et la blanchisseuse arrivée qui était la mairesse, tantôt des groupes de sous-officiers ou de marins, flânant de café en café, ou bien des bandes de Canaques, appartenant aux mille archipels du Pacifique et qui, se tenant par le bras, erraient une fois leur travail terminé, en chantant une mélopée plaintive.

La Nouvelle-Calédonie, découverte le 4 septembre 1774, par le capitaine Cook, est une île longue et étroite, qui mesure à peu près quatre-vingts lieues de long et treize de large étant comprise entre 20° 5′ et 22° 24′ de latitude sud, et 161° 39′ et 164° 35′ de longitude est. Il y a un siècle, elle comptait quelque soixante mille habitants indigènes ; ce nombre est, aujourd’hui réduit à peu près au tiers, grâce à l’influence bienfaisante de la civilisation. Il faut ajouter à ce contingent environ quinze mille Canaques peuplant les dépendances, c’est-à-dire les îles Kunié (des Pins), Maré, Lifou, Ouyéa et le minuscule archipel des Bélep, au nord. Située entre les Nouvelles-Hébrides, au nord et au nord-est, les îles Fidji à l’est, la Nouvelle-Zélande au sud et l’Australie à l’ouest, la Nouvelle-Calédonie est toute dans la sphère d’attraction de la grande colonie britannique. Commer-