Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/38

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sont censés recevoir un salaire mensuel de douze francs qu’ils ne touchent jamais, grâce à un ingénieux système d’amendes, que l’engageur peut infliger selon son bon plaisir.

Tels étaient les pauvres diables à teint cuivré et à physionomie généralement intelligente et triste que nous voyions le soir, errer par bandes dans les rues, en murmurant un chant sauvage et étrange, moins monotone, que celui des Néo-Calédoniens, car les exécutants observent entre eux des intervalles de plusieurs tons.

Du reste, nous n’eûmes pas, pour cette fois, le loisir de pousser ces études plus loin. L’ordre de nous diriger sur l’île des Pins, lieu d’internement des déportés simples, venait d’arriver : il fallait nous préparer à partir.





CHAPITRE III.


ARRIVÉE À L’ÎLE DES PINS.


Il y a douze lieues et demie de l’extrémité nord de l’île des Pins à l’extrémité sud de la Nouvelle-Calédonie et à peu près le double de Nouméa à la pointe Kuto, où résidait le commandant militaire de l’île. Aussi l’aviso le Coëtlogon, qui nous avait pris à son bord, dans la matinée, nous débarqua-t-il le même jour, vers les quatre heures de l’après-midi.

L’île des Pins, en canaque Kunié, fut découverte, le 26 septembre 1774, par l’infatigable Cook qui, deux jours après, fit voile pour la Nouvelle-Zélande. La beauté ma-