Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/83

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elle a un épilogue bien canaque : à perfide, perfide et demi. Les Dodgis, décimés dans leur exil par les privations et la nostalgie, chargèrent, au bout de quelque temps deux des leurs d’aller implorer du vainqueur la permission de revenir. Damê, persuadé, en gastronome océanien, que la vengeance est un mets qu’il convient de savourer froid, feignit de pardonner et accepta même les petits cadeaux que lui offrirent ses ennemis repentants. Ceux-ci, au nombre de quatre-vingts, s’étaient rassemblés sans défiance dans l’enclos palissadé entourant la case du grand chef ; accroupis sur des nattes, ils mastiquaient déjà, qui des bananes, qui des cannes à sucre, apportées par les femmes des Nouméas. Tout à coup, Damê fronça les sourcils : à ce signe jupitérien, quatre-vingts casse-tête s’abattirent sur les Dodgis, qui n’eurent même pas le temps de protester contre cette singulière façon de comprendre l’amnistie. Quelque temps après, les Tyas, poussés traîtreusement par le chef de Kunié qui voulait se débarrasser d’eux, partirent pour leur pays sans en demander préalablement la permission. Ils se croyaient invincibles, ayant payé fort cher à des trafiquants européens tout un stock de vieux fusils ; mais, quand ils voulurent s’en servir au débarquement, — car Damê était là qui les attendait, — ils ne purent en faire partir un seul et furent exterminés jusqu’au dernier.

Ces faits, « héroïques » autant que canailles, ont été coordonnés en légendes que se content les indigènes à la veillée et qui me furent apprises, quatre années plus tard, par un jeune Français élevé au milieu des Touaourous. Pour le moment, le brave Simonin, fier d’étaler devant moi ses connaissances encyclopédiques, me donnait sur les tribus néo-calédoniennes des notions vagues