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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/149

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nératrice. Ils se ressentiraient de l’essor imprimé à la production minière ; mais non ! on s’efforce d’éveiller leur avidité, leur haine des vaillants industriels dont les capitaux ont permis et assuré l’exploitation des mines ; on prend à tâche de faire naître en eux des besoins factices. On s’acharne à produire le désordre, l’anarchie, la misère. Et cela au profit des capitalistes d’outre-Rhin. »

Cet article eût fait hausser les épaules aux mineurs de Mersey ; tous, même les moins conscients, savaient admirablement à quoi s’en tenir sur les vaillants industriels qui s’emmillionnaient sans fatigue en faisant travailler à cinq cents mètres sous terre tout un peuple d’esclaves pour des salaires de famine. « Besoins factices », le besoin de manger à sa faim, se vêtir, se loger et, après, ne pas vivre tout à fait comme des brutes, ne connaissant que le travail, la pâtée et le sommeil !

Mais à Climy, pays agricole, si de sentiment on était avancé, on ne connaissait pas grand’chose aux exploitations industrielles : le paysan et le mineur s’ignoraient. Aussi l’article de Tartan eût-il pu troubler bien des esprits, sans la grande popularité de Paryn.

Au cabaret du Poisson bleu, où s’était installé le comité républicain libéral, constitué par la fusion des conservateurs et des modérés, on faisait grand bruit de l’article de la Gazette de Seine-et-Loir. Pas un consommateur ne pouvait entrer sans que, immédiatement on s’efforçât de le racoler, lui offrant d’abord à boire, puis lui faisant deux ou trois fois la lecture de cet article. Après quoi, on lui fourrait le journal dans la poche. Tout un ballot d’exemplaires, arrivé le matin de Môcon, était là pour être distribué.

Le Poisson-Bleu, à cause de la couleur politique de ses hôtes, beaucoup plus qu’à cause de celle de son enseigne n’était guère fréquenté par les rouges.