Page:Malato - La Grande Grève.djvu/193

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tendue : l’évadé revoyant soudainement la lumière du jour. Il se trouvait à ciel ouvert, tout au fond d’un vallon verdoyant, d’environ cent mètres de circonférence. Des pins, des bananiers, des papayers, des pommiers canaques, des ananas, et une foule d’autres végétaux qui lui étaient inconnus, en faisaient un Éden en réduction. La source, qui traversait la grotte et n’avait cessé de se grossir de mille infiltrations souterraines, venait y aboutir en un clair ruisseau qui se terminait par un petit lac, à la surface duquel apparaissaient « koulas » et poissons aux écailles irisées. Sans doute, ce lac avait-il un épanchement souterrain.

Ce vallon était encaissé entre des montagnes aux flancs abrupts et voilé en partie par un rideau de lianes, de sorte qu’un voyageur, du haut de ces montagnes, n’eût pu l’entrevoir que d’une façon très imparfaite.

Mais ce qui frappa le plus Détras fut de découvrir sur les bords du ruisseau des traces de cultures. Des tarodières y étendaient leurs tranchées parallèles, autrefois irriguées, maintenant à sec.

Des hommes avaient donc vécu dans ce coin perdu ! Quels hommes ? Sans doute des réfugiés fuyant les guerres d’extermination que se livraient autrefois les tribus anthropophages ; peut-être les derniers survivants des révoltés de l’Aoui.

Cette dernière hypothèse que se formula Détras était la vraie, comme il s’en aperçut peu après, en découvrant trois squelettes humains. Deux gisaient dans une anfractuosité recouverte de broussailles et de plantes grimpantes ; le troisième était étendu un peu plus loin, le crâne tourné vers le ciel.

Sans doute le survivant, après avoir inhumé ses compagnons, s’était-il allongé là pour mourir. L’état de conservation des ossements indiquait que ces morts ne remontaient guère à plus de deux ans.

— Des révoltés ! songea mélancoliquement Détras.