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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/204

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Non pas anarchiste, car il était ambitieux et l’anarchie ne réserve à ses adeptes ni places, ni honneurs, tout au plus les vanités creuses de la célébrité ; mais blanquiste — ce parti d’agitation populaire semblait alors avoir des chances.

Le révolutionnarisme, pour Moschin comme malheureusement pour beaucoup d’autres, consistait surtout à supplanter les mêmes dirigeants que l’on vouait aux gémonies. Il tenait tout entier dans cette formule simple et réaliste : « Ôte-toi de là, que je m’y mette ! »

Plusieurs années s’écoulèrent et le parti blanquiste, que ne dirigeait plus son vieux chef, héroïque et sagace, eut sa décadence ; ses chances d’arriver au pouvoir par un coup de main devinrent de plus en plus rares, puis disparurent tout à fait. De ses éléments quelque peu disparates, les uns — les mauvais, batailleurs brutaux, sans idées — se fondirent dans le boulangisme naissant ; les autres allèrent au collectivisme, à l’anarchie ou disparurent.

Moschin n’avait pas attendu cette désagrégation pour aviser. Se disant que, sous tous les régimes, il était deux forces qui dominaient la société : le clergé et la police, il s’en fut sans la moindre hésitation offrir ses services à un homme mystérieux qui travaillait pour l’un et pour l’autre.

Cet homme, c’était Drieux que nous avons entrevu lors des événements de la Bande noire et que nous reverrons encore.

Drieux savait juger les hommes : Moschin, qu’il utilisa heureusement dans deux ou trois affaires, lui plut beaucoup ; il s’occupa de lui faire un sort. À ce moment, des Gourdes, successeur de Chamot, donnait une extension énorme à l’exploitation des mines de Pranzy ; il lui fallait une police. Grâce à la recommandation de Drieux, Moschin devint le chef de cette police qu’il recruta et organisa supérieurement.

Moschin et le comptable Troubon étaient, après