Un soir, Céleste, rentrant harassée de son travail au champ, trouva devant elle Pierre Mayré.
— Venez ! lui dit-il brusquement. J’ai à vous parler.
Machinalement, la jeune fille le suivit inquiète. Le fermier se dirigea vers le hangar où nul ne pouvait les voir ni les entendre.
— Là, fit-il en s’arrêtant, les yeux fixés sur Céleste, comme pour lire en elle. Écoutez-moi bien.
Il y avait dans cette voix un fond de colère mal contenue, presque de menace. C’était la première fois qu’il parlait à sa servante sur ce ton, il continua :
— Mon fils vous veut, vous le savez.
Céleste leva les bras d’un geste désespéré.
— Bien, je ne dis pas que c’est votre faute, reprit le fermier. Après tout, vous êtes libre de ne pas vouloir.
— Je n’ai rien fait pour attirer sa recherche, il s’en faut ! soupira la pauvre enfant.
— Ne vous désolez pas, dit Pierre Mayré, solennel, car vous ne savez pas le bonheur inespéré qui vous attend.
Il s’arrêta, pour permettre à Céleste d’accueillir sa communication avec toute l’émotion désirable.
Ce ne fut pas la joie, ce fut l’anxiété qui se peignit sur le visage de la jeune fille.
— Eh bien, continua le fermier, Jean m’a demandé la permission de… vous épouser.
— M’épouser ! s’écria Céleste, devenue pâle comme une morte.
— Oui. Vous ne vous seriez pas attendue à celle-là, n’est-ce pas ?
Et comme Céleste, écrasée, demeurait muette, le paysan ajouta :
— Et savez-vous ce que j’ai répondu, moi ?… Eh bien, je n’ai pas dit non.
— Vous !
Il y avait dans cette exclamation plus encore de