Page:Malato - La Grande Grève.djvu/256

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— Mon Dieu ! que faire ? murmura-t-il, crispant les poings, à la fois consterné et furieux.

— Imbécile ! dit son père, si c’était moi, je saurais bien comment m’y prendre pour lui rabattre son orgueil et c’est elle qui viendrait se traîner à genoux pour demander le mariage. Ce serait le grand moyen et le bon.

Et le regard du fermier était si expressif que Jean tressaillit, comprenant.

Céleste avait fini par s’endormir. La fatigue de son dur travail quotidien, l’emportant sur le chagrin et les angoisses, était venue clore ses paupières et l’emmener peu à peu au pays des rêves.

Elle était avec Galfe, dans une contrée inconnue, une terre ensoleillée, que caressait le zéphyr, sous un ciel sans nuages, devant les flots plus bleus que l’azur. Des fleurs multicolores épanouissaient leurs corolles ; des oiseaux chantaient sur les branches vertes des arbres.

Ils étaient couchés côte à côte sur le sable du rivage, s’enlaçant d’une étreinte passionnée, leurs lèvres se joignant.

Céleste poussa un gros soupir et se réveilla soudain. Un homme était là auprès d’elle, l’étreignant dans ses bras, dévorant sa bouche d’un baiser fou.

Elle se débattit, comme le poids d’un corps allait l’étouffer et comme elle venait de ressentir le contact de deux jambes nues.

L’assaillant — Jean qui suivait le conseil de son père — la ressaisit et, la maintenant sous lui au risque de l’étouffer, allait sans doute réussir à assouvir son rut, si, dans la violence de ses mouvements, il n’eût heurté de la tête une grosse poutre. Le choc l’étourdit un instant et, de cet instant, Céleste profita pour saisir ses chaussures qu’elle trouva sous sa main et disparaître dans l’obscurité.

Elle s’était précipitée dans la cour et peut-être parce qu’elle courait pieds nus, retenant son souffle,