Page:Malato - La Grande Grève.djvu/291

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Il continuait à entraîner Martine sur une autre piste, modifiant l’âge de l’enfant après l’avoir masculinisé et altéré le nom de l’homme. Car il se rendait compte que les soupçons de Martine étaient éveillés et, s’il devait retrouver les siens, il devait pour cela, avant tout, éviter les griffes de la police.

Cependant, le mouchard songeait. Il se rappelait ces gens de Mersey qu’on l’avait chargé de surveiller après l’évasion de Détras. Se pouvait-il que ce même individu fût le forçat venant, au bout de tant d’années écoulées, rechercher ceux qu’il avait laissés dernière lui ?

Non, c’était une idée folle ! D’ailleurs, cet étranger, outre les différences de nom et de métier, donnait ce détail précis : un garçon.

Martine, chargé jadis de surveiller Geneviève, l’avait perdue de vue au départ de Mersey, tant ce départ fut rapide. Seulement au bout de seize mois, il retrouva sa trace par la rencontre fortuite de Panuel. Cette trace le mena à l’Étoile solitaire.

La chose peut paraître bizarre. Pourtant, rien ne dépiste mieux les recherches de la police que la grande simplicité d’allures. Panuel avait acquis en son nom la bicoque qui, agrandie et aménagée, devint l’auberge ; Geneviève n’eut à signer pour aucun acte. Lorsque, quelques années plus tard, Berthe alla à l’école, son nom n’éveilla aucun souvenir du drame de Mersey.

Après avoir cherché inutilement très loin la piste de Geneviève et de Panuel, Martine, pour masquer son défaut de vigilance, servit à ses chefs une histoire. Le couple, leur rapporta-t-il, était parti pour Paris — le bruit, d’ailleurs, en courait à Mersey — afin de s’y soustraire à toutes recherches, Paris étant l’Océan où tout se perd.

Six mois plus tard, ce fut la mort de Geneviève qu’il annonça et, cette fois encore, il n’eut pas le mérite de l’invention : le père et la mère Bouley,