Page:Malato - La Grande Grève.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

venaient lui demander de louer sa salle, il répondit :

— Écoutez, je ne demanderais pas mieux, car je ne désire que gagner de l’argent. Mais je ne veux pas me brouiller avec les autorités. Êtes-vous sûrs qu’on vous permette de tenir la réunion ?

— Nous n’avons aucune permission à demander, répondit Brossel qui connaissait la loi. Simplement une notification à donner.

— Soit, mais si le maire ou le commissaire fait fermer la salle ?

— Allez voir l’un et l’autre pour leur demander si telle est leur intention. Sans quoi, nous nous arrangerons autrement.

— Je veux bien, répondit l’aubergiste, désireux de contenter, si possible, deux maîtres à la fois et surtout d’éviter que l’argent des mineurs allât à quelque concurrent.

Lorsque, respectueux et timide, le patron du Fier Lapin se fut présenté chez le maire pour lui communiquer le projet de réunion, il crut que le magistrat de la commune allait succomber à une attaque de rage.

— Un métingue à Mersey ! s’exclama Bobignon devenu pourpre. Vous osez me parler d’un métingue ! Vous mériteriez que je fasse fermer votre établissement.

L’aubergiste n’en demanda pas davantage. Il s’excusa comme il put et s’enfuit.

Grande fut donc sa stupéfaction en recevant le lendemain avis de la mairie que le meeting était autorisé.

N’osant ni en croire le papier qu’il avait sous les yeux ni aller de nouveau interroger l’irascible Bobignon, il s’en fut, tremblant, trouver le commissaire de police.

— Mais oui, certainement, fit celui-ci. Du moment