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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/308

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Le combat commença par un échange de projectiles dans lequel la bande à Moschin n’eut plus l’avantage. Cela permit à ses adversaires de gagner du terrain : le Fier Lapin n’était plus qu’à cinq cents mètres.

On voyait l’auberge se dessiner sur la côte dominant Mersey. Une foule noire grouillait autour du bâtiment.

Bernard eut un cri de joie :

— Encore un effort et nous sommes sauvés !

Et, donnant à sa voix toute la force possible, il clama :

— À nous, les camarades mineurs !

Mais maintenant c’étaient les deux bandes, celle de flanc et celle de queue qui avaient fait jonction. Avec des cris furieux de : « À bas les rouges ! » elles se ruaient sur le malheureux groupe, qui, tout à fait écrasé, se disloquait :

— Vite ! gagnez le Fier Lapin, dit Bernard à Paryn et aux deux autres orateurs.

Lui-même avec une demi-douzaine d’ouvriers s’arrêta pour protéger la retraite de ceux qu’il avait fait venir et exposés au péril.

Cette lutte d’une poignée d’hommes, attaqués et bientôt entourés, en terrain plat par une centaine de brutes, ne pouvait être longue, mais elle fut désespérément furieuse. Des deux côtés le sang ruisselait : notre vieille connaissance, Michet, qui opérait comme chef d’une des bandes, venait de se retirer de la mêlée crachant plusieurs dents, trois tailleurs étaient tombés inanimés, le crâne fendu. Maintenant trois autres, seuls, résistaient avec Bernard. L’un tomba ; les deux derniers, à bout de forces, se rendirent.

— Finissez-moi ce gaillard ! cria une voix ironique que le mineur, au milieu de cette mêlée désespérée, reconnut pour celle de Moschin, qui commandait en