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Ah ! mes gredins, vous voulez la guerre ! Eh bien, je ferai venir les gendarmes et la troupe pour vous mater.

Cependant, la crainte et l’indignation ne lui faisaient pas oublier ses visées d’entrer, par une alliance de famille, dans le monde de l’aristocratie et en partant il invita le baron des Gourdes.

— Lorsque vous viendrez à Mersey, lui dit-il, j’espère bien que vous serez notre hôte pendant deux ou trois jours. Je vous ferai visiter les mines. Vous verrez comme le travail d’exploitation est intéressant.


III

LE PRÊTRE ET LA FEMME


Geneviève Détras, la femme du mineur, était seule à la maison. Dans la matinée, elle avait lavé et étendu le linge dans la cour, puis cousu des chemises qu’elle devait porter en ville le lendemain. Tout en piquant l’aiguille, assise près de la fenêtre ouverte du rez-de-chaussée, sous la caresse chaude du soleil, elle songeait. Les frais d’enterrement du père Détras, les trente francs versés à la collecte pour les renvoyés de la mine, l’agape du 14 juillet, sans compter la cotisation à la société de secours mutuels, tout cela avait absorbé les économies du ménage. Pour aller jusqu’à la prochaine paie du samedi, il restait trois francs à la maison et l’on était le mardi !

Jamais encore depuis leur mariage, les Détras n’avaient été aussi à court. N’ayant pas d’enfants, ils eussent pu mettre de côté quelques sous sans les soins à donner au vieillard. Albert Détras était sobre, ne buvait pas, fumait peu ; elle, Geneviève, ouvrière affinée, avait bon goût, sans néanmoins être coquette, et ne dépensait presque rien pour elle-même. C’était