Page:Malato - La Grande Grève.djvu/317

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— Ce n’est pas tout : tu lui diras que je serai ce soir, à onze heures, derrière la maison. « Derrière… » tu te rappelleras.

— Oui, du côté des taillis.

— Va. Et si le vilain homme roux ou tout autre te demande si tu sais où est ton père, tu répondras que tu n’en sais rien.

— Papa, tu peux être tranquille : je ne le dirai qu’à notre bon ami Panuel.

Depuis qu’elle avait retrouvé son père, instinctivement Berthe disait Panuel et non plus papa Nuel, bien que son affection pour l’excellent homme demeurât la même.

Détras pressa sur son cœur et embrassa longuement son enfant, et celle-ci partit aussitôt d’un pas rapide.

Lui, se jetant sur le côté droit de la route, derrière un rideau de buissons, se dirigea en courant vers l’Étoile solitaire, de façon à surveiller, invisible, l’arrivée de Berthe et reconnaître, si possible, l’identité de l’inquiétant homme roux.

Il aperçut celui-ci, assis sur le côté opposé de la route, à cinquante pas environ de l’auberge et, tout aussitôt, son sang ne fit qu’un tour.

Grâce à sa vue excellente, il venait, malgré l’éloignement, de reconnaître Martine.

Ainsi, il ne s’était pas trompé dans ses soupçons : la police, prévenue de son retour, l’attendait ! Sans la rencontre de son enfant, il eût été perdu !

Deux minutes après, Berthe arriva à la hauteur de Martine sans le remarquer. Détras, pendant un instant, vit rouge. Si le mouchard eût arrêté l’enfant pour la questionner, il se fût, oubliant tout, précipité sur lui.

Très heureusement pour l’un et l’autre, Martine laissa passer l’enfant sans l’interroger. Il voulait bien se garder d’éveiller les soupçons.

Berthe était entrée dans l’auberge. Détras calcu-