Page:Malato - La Grande Grève.djvu/326

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l’ignore présentement, sauf en ce qui concerne le nommé Bernard.

— Où est-il ? demanda vivement Paryn.

— Blessé à la tête, il a été transporté à l’hôpital. Vous ne pouvez le voir.

— Pourquoi ? Je suis médecin.

Le commissaire hésita un instant. Il n’eût point voulu paraître céder. D’autre part, il se disait qu’en satisfaisant le désir de Paryn, il amadouerait peut-être celui-ci et lui ferait abandonner toute idée de compliquer les choses.

Ce fut ce dernier sentiment qui l’emporta.

— Soit, dit-il, je comprends le sentiment d’humanité qui vous fait agir. Je vous accompagnerai à l’hôpital, mais vous seul. Ces messieurs peuvent attendre ici votre retour.

— Pourquoi pas chez moi ? demanda Brossel. J’habite à deux pas de l’hôpital.

— Soit, chez vous si vous voulez, répondit le commissaire qui, maintenant, ne souhaitait rien tant que de voir ses prisonniers s’éloigner.

Et tandis que Brossel, accompagné de Vallon et Renouard, quittait le commissariat, Pidurier, guidant le docteur vers l’hôpital, s’efforçait le plus habilement possible, d’établir sa parfaite rectitude de conduite.

Deux minutes après, ils étaient arrivés devant l’hôpital, situé entre le commissariat et la direction. Bernard, le corps couvert de contusions, y avait été transporté depuis une heure, il n’avait pas encore repris connaissance.

Deux ou trois autres blessés se trouvaient dans la même salle, abandonnés aux soins d’une religieuse et d’un infirmier.

C’était tout. L’hôpital, qu’on appelait ainsi, bien que ce ne fût en réalité qu’une infirmerie de vingt-deux lits, était nominalement dirigé par le docteur Chaudet, médecin de la compagnie qui ne s’y mon-