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Page:Malato - La Grande Grève.djvu/333

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naient des ordres, au milieu de la confusion, que le commissaire de police arrivait avec tous ses agents, bientôt renforcés de la brigade de gendarmerie, la population affluait, en proie à un délire de douleur furieuse. Les femmes ne se connaissaient plus et, à maintes reprises, enfoncèrent le barrage vivant que Pidurier et Moschin avaient fait établir pour permettre l’organisation des travaux de sauvetage.

Cette fois les autorités sentirent qu’elles pesaient bien peu de chose devant la force du peuple. Ah ! quand ce peuple voudrait !

Mais, pour le moment, il y avait plus de douleur que de colère dans cette masse sans cesse grossissante, bien que cette douleur pût se transformer en rage formidable. À tout moment il arrivait des flots d’assistants qui, après s’être portés, au hasard, vers les autres puits, refluaient tumultueusement en apprenant que la catastrophe était au puits Saint-Eugène.

Une seule pensée dominait cette foule, lui faisait une âme commune : sauver ceux qui étaient en bas. On ne savait, du reste, rien de bien précis sur la nature et l’étendue de la catastrophe. La rumeur générale disait le feu ; mais, à côté de cela, d’autres parlaient d’éboulement, d’inondation, d’asphyxie, car c’est au milieu de ces dangers multiples que se passe la vie du mineur, qui n’est qu’une lutte perpétuelle contre la mort.

La solidarité des travailleurs s’affirmait, admirable, en ce moment. Les mineurs, exténués de leur travail de la veille qu’ils étaient condamnés à reprendre dans quelques heures, étaient accourus des premiers au cri d’alarme, oubliant tout pour ne songer qu’à sauver des camarades. Des vieux, retraités, qui, depuis dix et quinze ans, avaient quitté la mine, étaient là, s’offrant à descendre.

Pour comble de malheur, la cage de descente ne