Page:Malato - La Grande Grève.djvu/371

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la peur de la misère, l’avaient accueilli avec une cordialité émue, mais sans pouvoir le renseigner.

Cependant, Galfe ne se découragea pas. Sa volonté, engourdie dans l’horreur du bagne, lui était revenue. S’il ne pouvait retrouver Céleste, il voulait au moins savoir ce qu’elle était devenue.

Pour pouvoir continuer ses recherches, il refusa un emploi de gardien de propriété que Paryn lui avait trouvé à Climy. Avec le montant économisé de sa masse et celui d’une souscription ouverte par ses protecteurs, il s’acheta une pacotille et s’improvisa colporteur.

Ainsi put-il parcourir toutes les localités de la région, les centres miniers, les villages, les hameaux, fouiller ces bois de Varne, des Brasses, de Faillan et du Chaynou, qui lui étaient familiers, interrogeant partout, dans les mairies, les fermes isolées où il allait offrir sa marchandise, les cabarets où il s’arrêtait pour casser la croûte. Il s’arrêta même à celui tenu à Véran par la Mayré et causa avec la mégère, de plus en plus enlaidie par les grossesses successives, sans soupçonner que cette femme avait été la compagne de travail de Céleste.

Et, tout d’un coup, la rencontre s’opéra par l’effet du simple hasard, ce magicien. Un jour, en allant livrer son travail dans un grand magasin, la fleuriste tomba au milieu de la conversation des patrons, gens dévots, férocement réactionnaires.

— Oui, disait le mari, il est temps qu’on balaie cette République de malfaiteurs qui amnistie les anarchistes et laisse rentrer gracié un forçat dynamiteur.

Céleste reçut un choc tel qu’elle faillit s’évanouir : ce forçat dynamiteur, si c’était celui dont elle n’avait plus de nouvelles depuis dix ans ! Était-il possible que Galfe vécût encore, qu’il eût été gracié ?

Elle voulut interroger ces gens, mais, prise tout à coup d’un tremblement convulsif, elle n’eut pas la