Page:Malato - La Grande Grève.djvu/391

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homme sortit de la pièce adjacente : c’était Michet.

— Tout votre monde est-il prêt ? demanda Moschin.

— Oui, chef.

— Alors, marchez sur le Fier Lapin et chambardez tout. Ne perdez pas une seconde.

Michet salua militairement et sortit.

Toute la police de la Compagnie, réorganisée et augmentée depuis la célèbre bataille livrée deux ans auparavant, avait été consignée. Michet, d’intelligence simpliste, pour échafauder un plan de combat, mais bon agent d’exécution, n’ayant pas plus peur de recevoir que de donner des coups, n’attendait que l’ordre de son chef pour envahir le Fier Lapin à la tête de toute sa bande et rendre impossible la réunion. Car il suffit d’une poignée d’hommes bien déterminés, organisés à l’avance, pour troubler et finalement dissoudre une assemblée nombreuse. Or, Michet avait sous la main à peu près cent gaillards solides, de vraies brutes qui, inconscientes de leur abjection, eussent sur un signe de lui assommé n’importe qui.

En outre, il avait prévenu à la fois le maire, le commissaire de police et le brigadier de gendarmerie qu’on pouvait appréhender ce jour-là de l’effervescence à Mersey, les meneurs du syndicat ayant convoqué tous les adhérents à la réunion du Fier Lapin, sans doute pour déclarer la guerre à la Compagnie.

— Espérons, monsieur Moschin, que vous pourrez vous débarrasser une fois pour toutes de ces éléments subversifs et incorrigibles ! avait déclaré sentencieusement Bobignon.

Moschin lui répondit par un sourire significatif.

Le chef policier était content : des Gourdes lui avait donné carte blanche. En faisant attaquer les syndiqués par les vendus de la bande Michet, il créerait le trouble parmi les mineurs, isolerait le syndicat en effrayant ses éléments les plus modérés et pré-