vent inévitables, surtout lorsqu’il faut mener des gens sans éducation. Toutefois, voilà un point que la Compagnie vous concédera sans difficulté.
— Vous voyez qu’on peut commencer à s’entendre.
Et le préfet, qui avait déplié devant lui, sur le bureau, la copie des revendications des grévistes, souligna au crayon la 5e proposition, écrivant en marge : « accepté. »
Le brave homme avait commencé par la plus anodine, sûr que son adoption ne pouvait susciter de difficulté sérieuse et qu’elle amènerait une première détente. En effet, comme l’avait admis des Gourdes, la Compagnie n’avait rien à perdre à recommander à ses agents une politesse élémentaire à l’égard des ouvriers placés sous leurs ordres.
L’adoption des cinq autres articles devait être moins commode, surtout le 2e, concernant la dissolution de la police de la Compagnie, ainsi que le renvoi de Moschin et de ses sous-ordres.
— De cela, il est inutile de parler, déclara froidement des Gourdes. Sinon, je romps toutes négociations.
Dissoudre la police de la Compagnie ! Renvoyer Moschin, l’homme de tête et d’énergie qui, pendant des années, avait maintenu l’ordre à Mersey. Pourquoi ne pas exiger purement et simplement la déchéance de la Compagnie pendant qu’on y était !
C’était là le point le plus ardu, car sur l’article 3 (suppression de l’ingérence des agents de la Compagnie dans la vie privée ou familiale des mineurs), des Gourdes, ni nul autre, n’eût pu, sans cynisme, émettre d’objection. D’ailleurs, cet article était éminemment un de ceux qu’il est le plus facile de violer dans la pratique, tout en l’acceptant en principe. La surveillance et la pression continueraient comme par le passé. La Compagnie en serait quitte pour désavouer à l’occasion ses agents et déclarer qu’ils avaient agi de leur propre initiative.