Page:Malato - La Grande Grève.djvu/54

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veaux mineurs qui se rendaient à la réunion et ils leur criaient :

— Rentrez à Mersey !

— Les capons ! gronda Janteau, les poings crispés.

Autour de lui et de son compagnon, demeuraient une soixantaine de mineurs, indécis sur ce qu’ils avaient à faire.

— Et toi, dit le jeune homme à Albert, vas-tu leur conseiller de foutre le camp ?

— Non, répondit le fils du déporté, qui sentait courir en lui les anciennes ardeurs paternelles. Allons voir ce qui se passe.

Mais déjà débouchait vers eux des taillis, une bande étrange, de trente à quarante hommes, armés de fusils et de haches : des mineurs comme eux, à en juger du moins par le costume, car il était impossible de reconnaître les figures barbouillées de suie.

Et soudain, une grande clameur de : « Vive la sociale ! » emplit la forêt.

— Que se passe-t-il, camarades ? cria Albert aux nouveaux venus.

Mais déjà ceux-ci et les autres s’étaient mêlés, ne formant plus qu’une bande et, à ce moment, une voix lança cet ordre étrange :

— Camarades, où vous savez !

Déjà, les mineurs s’engageaient à travers bois, dans la direction du carrefour Sainte-Marie. Janteau, sans savoir où l’on allait, s’était joint à l’avant-garde. Albert Détras suivait, considérant qu’il eût été honteux de s’éclipser, mais il demandait des explications et s’étonnait, s’inquiétait que nul ne pût lui en donner.

Voici ce qui s’était passé :

Le renvoi des trois ouvriers coupables d’irrespect vers l’abbé Brenier et le saint sacrement réunis, avait été une provocation méditée. Sur l’avis de Baladier, chargé par Drieux de la direction des opérations policières en ce qui concernait Mersey, ce renvoi