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contre leur autorité morale et devenaient redoutables.

Sur la barbarie gothique, triomphante des maîtres du monde, l’Église étendit son règne. Quant aux esclaves de la société antique, ils devenaient les serfs de la société médiévale. Leur descendance, toujours abaissée et déshéritée parce que l’esprit de révolte, ce puissant ressort, lui manquait ou n’existait pas suffisamment, avec la conscience d’un but à atteindre, forme le prolétariat salarié de la société contemporaine.

La lutte éternelle de la force centripète et de la force centrifuge, qui est la loi des corps sidéraux, se retrouve dans les sociétés humaines, sans cesse soumises à une double tendance : agrégation, désagrégation. Au moment même où elles semblent s’attirer, s’absorber les unes les autres ou se souder en masses compactes, les sociétés commencent à s’effriter sous l’action d’un travail interne. C’est lorsque les Césars ont semblé réaliser la monarchie universelle, l’unification du monde connu, que ce monde se disloque et de ses débris séparés va constituer de nouvelles sociétés humaines ; la vie, une vie confuse, bourdonne sur le sépulcre du passé.

Le catastrophisme, pour employer un terme mis à la mode par les socialistes d’aujourd’hui, évolutionnistes ou révolutionnaires, n’est pas le phénomène de tout moment, mais bien le terme naturel d’une évolution, le point de départ d’un nouvel ordre de choses. Résultat lui-même d’une lente évolution, il n’en agit pas moins brusquement, une fois le moment venu ; le nier c’est faire preuve d’aveuglement, de même que l’invoquer à