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Pour la majorité des prostituées comme pour celle des criminels, il y a donc surtout malfaisance du milieu. Au début, ces femmes peuvent témoigner d’une intelligence non inférieure à celle de la bourgeoisie qualifiée d’« honnête » ; mais dans un ambiant de misère, de brutalité et d’arbitraire policier, leurs facultés intellectuelles finissent fatalement par s’atrophier : la prostituée qui a longtemps pratiqué tombe peu à peu dans l’hébétement.

Au point de vue moral, est-elle inférieure à la bourgeoise ? Il faudrait d’abord savoir ce qu’est la morale. Si le respect d’une religion démente, de l’autorité indiscutée sous toutes ses formes, de l’exploitation légalisée par le Code, de la patrie, mensonge solennel sous lequel se cachent les intérêts capitalistes, constituent une morale, la prostituée prolétarienne et l’« honnête » bourgeoise se valent à peu près, car, d’une façon générale elles y croient l’une et l’autre, la première peut-être avec plus de sincérité, la seconde avec plus de formalisme.

Au point de vue du sentiment, de l’humanité, de la générosité et même quelquefois de l’amour, c’est souvent la prostituée qui l’emporte sur la bourgeoise. Combien se livrent à leur triste métier, qui les dégoûte et dont elles meurent, pour faire élever quelque enfant, alors que le père, un jeune bourgeois, séducteur au beau langage, se sera éloigné de la malheureuse devenue mère !

Nombre de femmes tombent dans la prostitution par suite de l’insuffisance des salaires que les patrons main-