poussière. D’où vient que, parmi les peigneurs de lin, 69 pour cent sont atteints d’affections des voies respiratoires et que la plupart de ces prolétaires meurent avant l’âge de quarante-cinq ans. Mais l’insuffisance d’alimentation joue un rôle non moins considérable comme facteur de mortalité : sur cinq cent dix-neuf tuberculeux examinés par le directeur du dispensaire Émile Roux, trois cent cinquante-et-un (soit 68 %) ont été frappés de l’implacable maladie par suite d’inanition. Et ce nombre va croissant (71,25 % en 1903, 76,67 % en 1904).
Enfin, sur 382 ouvriers tuberculeux examinés en 1902, 374 (soit 97,48 %) étaient des victimes du surmenage physique. Cette proportion s’est élevée à 98,22 % en 1903.
Nombre de ces malades seraient guérissables (il se présente au dispensaire Émile Roux 104 tuberculeux au premier degré pour 308 au second degré, ceux-là presque incurables). Mais l’implacable nécessité économique est là, qui les oblige à continuer de travailler jusqu’à ce qu’ils tombent mourants.
Sur 823 000 travailleurs de l’industrie textile, 339 469 sont des femmes, âgées pour la plupart de treize à trente-cinq ans. Après cet âge, elles meurent ou sont trop surchargées d’enfants pour continuer à se rendre à l’usine. La proportion des ouvrières atteintes d’affections des voies respiratoires oscille entre 14,28 % et 51,54 %. Parmi les plus éprouvées, il faut citer les « fileuses du mouillé » qui, pour un salaire de 0,20 par heure, travaillent à demi-nues, dans l’eau chaude,